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Clochette et Jibé lé la !
20 août 2007

Un an et un jour

DSCN0215François, JB et moi, et sur la photo du bas, Max
DSCN1245

    Ca, c'est la première photo que j'ai de JB, le soir même de notre rencontre, chez Max, un Lillois qu'on avait rencontré dans un snack à Boucan, une semaine après l'arrivée de François et Guillaume, qui étaient alors mes colocs.

    Il nous avait invité à cette soirée, où l'on a rencontré ceux qui sont restés nos amis depuis lors.
    J'étais encore moins susceptible de me trouver là, parmi tous ces inconnus (dont mon mari !) que JB, qui n'avait même pas été invité, au départ.

    C'était il y a exactement un an et un jour.

    Je pesais au moins huit kilos de moins (ça se voit), puisque j'en ai pris cinq dès que j'ai commencé à vivre avec JB et à lui faire des petits plats, et presque trois depuis que je suis enceinte.

    J'avais mis autour de mon cou le collier en nacre que Gatou m'a offert pour mes vingt ans, avec la bague assortie. La bague, je l'avais perdue un mois plus tôt dans le TGV Bruxelles-Lille, après l'avoir enlevée aux toilettes pour me laver les mains. Je ne m'en suis jamais vraiment remise, parce qu'elle avait dépensé une bonne partie de son salaire, ma petite soeur, pour m'offrir cette parure.
    J'aimais surtout la bague, d'ailleurs : une fleur en nacre avec une petite pierre rouge au milieu, sur une épaisse monture en or jaune.

    C'est le premier garçon que j'ai vu en arrivant.
    Mais c'était comme un mirage.
Je l'ai vu, mais je n'y ai pas cru, alors j'ai passé mon chemin.
Ce que j'ai remarqué de suite et qui m'étonne toujours, c'est son regard marron traversé d'éclairs jaunes et verts, un regard pétillant et qui regarde vraiment.
Je l'ai fui, ce regard trop perçant mais bizarrement sincère, et comme dénué de malice.

      Damien et Mag' étaient là, on a pas mal discuté pour faire connaissance.
    J'ai bavardé un peu avec JB aussi, il m'a parlé de bodysurf, mais je crois que je me suis surtout dit ce soir-là Reste loin de moi, toi, avec ta petite gueule d'amour et range tes yeux transparents je veux pas les voir.
    Je ne cherchais pas l'amour pour la vie, puisqu'il n'existait pas encore, vu que quand on est une femme on est souvent condamnée à se contenter d'en choisir un un peu moins minable que les autres.   
    Je préférais faire souffrir les autres en rigolant, parce que je venais de découvrir que c'était vachement plus marrant.

    Alors j'ai continué à virevolter de ci de là, j'ai beaucoup bu, et j'ai appelé Véro en tournant autour de la piscine, tout au bord, parce qu'elle me manquait et que j'avais peur.

    En me réveillant chez moi le lendemain avec un mal de tête, j'ai enfin réalisé la manière dont il m'avait regardé, cet homme beau comme dans un rêve et grand comme un vrai prince.
    Et je me suis rappelé que mine de rien, avec son air de pas y toucher, il m'avait demandé mon numéro de téléphone avant de partir.

    Quand j'y repense, c'est ce qui me fait le plus rire, maintenant que je le connais : il avait eu le culot de me dire que c'était pour "nous accompagner si nous faisions des randonnées" !
    La seule fois où je l'ai vu marcher plus longtemps que pour aller chercher des Mars glacés dans le congélateur, j'ai pu assister au spectacle étonnant d'un garçon en train de fracasser son sac à dos sur des rochers en hurlant à la mort, au beau milieu de la nature.
    Pour sa défense, on était en train de gravir le Piton des Neiges en tongs : lui avait fait un pari stupide, pour montrer que s'il abhorrait les rando, cela n'avait rien à voir avec une mauvaise condition physique ("J'te l'fais en tongs, moi, ton Piton", avait-il assuré à Marion avec un geste large). Quant à moi, j'avais oublié mes chaussures de marche dans le coffre de la voiture, garée à plusieurs kilomètres du sentier de la rando, que nous avions rejoint dans le coffre du pick-up d'un autochtone. Et il était déjà tard pour commencer à marcher.

    Bref, quand j'ai réalisé ça, je lui ai timidement demandé par texto si "avec mes colocs" on pouvait venir le "voir faire du bodysurf" l'après-midi même.

    C'était un dimanche.

    Alors je suis partie en avance et les garçons m'ont rejointe.
    Il nous a remercié d'être venus jusque dans le sud, il était tout content, on était tout timides, on n'a pas bougé une oreille.

    Ensuite, il nous a proposé de prendre une douche dans son appartement désespérément vide.
    Nous sommes alors montés à l'Etang-salé-les-hauts.
    Je me rappelle que la vision de son appartement de psychopathe m'a rassurée dans mon désespoir : c'est donc ça, le truc qui cloche chez lui, en fait c'est un névrosé qui trouve normal de vivre entre quatre murs entièrement NUS.

 Il y a sûrement des cadavres dans son placard, je me suis dit.

    Mais quand il m'a prêté sa douche, rien qu'à moi (les garçons s'étaient douchés dans l'autre salle de bain), et des vêtements propres, je n'ai pas résisté et je lui ai pardonné d'être un monstre sanguinaire.

    Alors nous sommes allés manger un bol renversé à La Carangue, et il a aligné les niveaux des bières qui étaient sur la table en me disant qu'il ne pouvait pas s'en empêcher.

    Effectivement, je me suis dit, il n'est pas net, ce garçon...

    J'ai repris la route de Saint-Paul, et je me suis dit c'est pas grave, il est tellement mignon.

    Nous nous sommes envoyé une cinquantaine de texto dans la nuit, et le lendemain, après ma journée de rentrée, nous nous sommes retrouvés au milieu du forum de Saint-Gilles.
    Au beau milieu, comme des stars, dix pas chacun et il m'a serré dans ses bras.
Tout était simple et clair.

  Nous sommes restés un quart d'heure sur la plage des Roches Noires, à savourer l'instant.

  Le soir, au Mex, c'est la seule et unique fois où je l'ai vu ne pas finir son assiette.
    On était tout couillons, tous les deux.

    Jamais, je n'ai commencé à moins l'aimer.

    Pas besoin de beaucoup de temps pour commencer à détester quelqu'un doucement, savamment, à détester ses petites mesquineries quotidiennes, son manque de droiture, son manque d'éducation, ses bassesses, sa grande bêtise, sa petite médiocrité, sa mollesse de caractère.

    Il n'a aucun de ces défauts-là.

    Pas un seul.

    Mon mari est droit, loyal, et terriblement intelligent.

    Tous les jours, je l'aime et je l'admire plus.


   
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