J'ai le droit d'en parler ?
Bon, ok, j'en parle.
Je le sens, ce petit d'homme d'1,5 millimètre.
C'est pas que mon ventre ait gonflé, mais je crois qu'instinctivement, je détends mes muscles _enfin ce qu'il en reste, après presque un an de régime jibé_ au lieu de les contracter comme d'habitude, pour lui faire de la place.
Je le sens, mais pas assez je trouve.
Hier j'ai été nauséeuse à peu près toute la journée.
Une sorte de mal au coeur perpétuel, comme en voiture.
Mais aujourd'hui, rien.
J'ai froid, souvent.
Hier soir sur la varangue, j'ai même claqué des dents, et tout à l'heure en sortant de la douche, j'étais toute bleue, alors qu'il devait quand même faire dans les 27 degrés ou quelque chose com a.
Mais je vomis pas rien.
Je ne sais pas quel âge a exactement la petite graine, mais j'ai hâte de la voir sur une écho.
Tout à l'heure en rentrant du collège, j'ai même failli racheter un test pour vérifier qu'il ne s'était pas évaporé.
Il y a des trucs qui me font peur, comme ce qu'a dit mon médecin : parfois une fausse couche passe inaperçue. Depuis que je suis petite je la trouve écoeurante cette expression de "fausse couche", et plus encore maintenant.
Alors j'aimerais bien avoir plus de symptômes, ou déjà un gros ventre ou je sais pas, pour être sûre qu'il est bien là.
Le plus vicieux, c'est que vomir, ça peut aussi bien être signe de grossesse normale que d'avortement spontané, alors je suis contente quand j'ai juste des nausées.
C'est chouette, quand même d'avoir réussi à faire un bébé si vite.
En plus on fumait tous les deux.
Ca prouve qu'on est en bonne santé.
Et moi comme je suis bête je me dis que c'est parce que c'est un signe, même si on n'avait pas besoin de signe pour savoir, depuis le début.
Je dors beaucoup, mais parfois j'ai un sommeil agité,
je me lève plusieurs fois dans la nuit.
J'ai souvent envie de pleurer, et je suis hypersensible, et un peu irritable.
J'ai fumé une clope hier, et je m'en suis voulue à mort.
Mais je m'en voulais aussi quand j'étais grincheuse avec JB qui est tout gentil avec moi, et qui fait tout ce qu'il peut.
Et il m'énerve, ce discours décomplexant qu'on entend partout, même dans la bouche des médecins.
La mienne m'a dit que si je fumais un peu au début, il ne fallait pas non plus me mortifier, elle a même dit si vous n'arrivez pas à arrêter..., et moi j'ai pas voulu entendre la suite.
Ca m'énerve que tout le monde veuille se décomplexer en ce moment. Après la droite décomplexée (elle, je ne vois pas vraiment pourquoi elle complexait, hein Nico !), on trouve maintenant la femme enceinte fumeuse décomplexée, à quand le père incestueux décomplexé, le violeur de petites filles décomplexé ?
Merde alors, c'est trop facile.
Moi je m'en fous que ce soit difficile, faut pas renier l'importance que ça a, de donner la vie, et la responsabilité que c'est. Ce discours-là, il a l'air de te dire que tu peux faire des enfants comme on fait les courses.
Enfin je veux pas polémiquer, c'est juste pour me donner du courage, et me persuader moi-même du bien-fondé de mes convictions.
Alors aujourd'hui j'ai trouvé la solution.
Plus jamais fumer et plus jamais être grincheuse, non plus.
C'est comme tout, il suffit de le vouloir.
Et comme pas tout le monde est capable de réussir le capes de lettres, arrêter de fumer (pendant un an et demi) et avaler les 42 kilomètres du marathon de Paris la même année 2005, et ben ça tombe bien, moi je suis peut-être pas comme tout le monde, et si ça me rend forte, tant mieux pour notre bébé.
Ben ouais je me la pète.